Débat : pour la création d'un Service National d'Apprentissage

Faut-il rétablir un service national, civil, mixte, moderne et adapté aux exigences de l'époque ? Telle est l'idée que nous soumettons aujourd'hui à votre sagacité et à vos contributions, dans la perspective de l'intégrer au programme d'Objectif France.
La suppression du service national a été l'une des grandes erreurs politiques de ces dernières années. En effet, son rôle allait bien plus loin que le simple apprentissage de l'art de la guerre : il était un puissant vecteur d'intégration, de mixité sociale et de patriotisme. Le service national donnait la possibilité à tous les milieux sociaux de se retrouver au sein d'un engagement commun, de s'ouvrir aux autres et d'accepter les différences. Et c'est cela qui fait cruellement défaut aujourd'hui. La fin de la conscription explique en grande partie l'explosion de l'insécurité dans les banlieues et le rejet de l'idée de France chez les jeunes.
Voilà pourquoi nous sommes favorables au retour à un service national obligatoire. Il ne s'agit cependant plus d'embrigader notre jeunesse dans des casernes ni de leur apprendre à utiliser des armes. Cela n'est pas en adéquation avec notre époque et ne correspond pas aux attentes des jeunes. Il s'agirait plutôt d'inventer un service civil d'un genre nouveau, axé sur l'apprentissage d'un métier manuel. D'une durée de six mois, il concernerait chaque année près de 700 000 filles et garçons.
Dans un système scolaire qui donne la part belle aux formations universitaires, il est en effet essentiel que notre jeunesse, toute notre jeunesse, puisse bénéficier très tôt d'une expérience réelle dans le monde de l'entreprise, et plus encore dans un environnement d'atelier ou d'usine. Les jeunes promis à de grandes études porteraient un regard nouveau sur ce que représentent la valeur travail et la notion de pénibilité, et les jeunes en situation d'échec scolaire auraient l'occasion d'apprendre un métier. Dans tous les cas, chaque jeune bénéficierait d'une première expérience professionnelle à faire valoir dans son curriculum vitae.
Pour éviter tout type de discrimination ou d'inégalité à l'embauche, le placement des jeunes au sein des entreprises serait réalisé par une commission d'affectation dépendant des conseils départementaux. Chaque jeune pourrait émettre le voeu d'effectuer ce service national d'apprentissage dans le secteur d'activité avec lequel il se sent le plus en affinité. Une priorité serait donnée aux jeunes ayant abandonné le cursus scolaire afin de leur permettre d'apprendre, autant que possible, le métier de leur choix.
Ce service national d'apprentissage s'inscrit dans un contexte global de révolution technologique, dans laquelle la France doit jouer un rôle éminent. Les nouvelles industries offrent des opportunités uniques d'accompagner le développement d'un nouveau modèle de société. Il est essentiel que notre jeunesse s'empare de ces sujets, développe des liens avec ces secteurs, acquière des expertises, sans être dans le culte absurde et dogmatique du col blanc. Telle sera la condition de notre excellence retrouvée.
Qu'en pensez-vous ?