Le fanatisme, l'islamisme, l'Islam, et la France...

Islam, intégrisme, fanatisme... Trois mots qui désignent des notions différentes, que l'époque tourmentée que nous traversons nous conduit souvent à associer les uns aux autres. La France, nation dont la mission universaliste irrigue le monde, a aujourd'hui la charge historique d'appréhender ces concepts de manière singulière, avec autorité et grandeur.
Je veux commencer par évoquer le fanatisme, incarné par le terrorisme qui fait couler le sang. La France doit appliquer des mesures radicales : prononcer des peines de haute trahison de 30 ans pour intelligence avec l'ennemi, telles que prévues dans le code pénal, à l'encontre de tous ceux qui reviennent en France après un Djihad ; ouvrir une ou plusieurs unités carcérales de haute sécurité en outre-mer et en métropole pour isoler les milliers d'individus prêts à passer à l'action ; expulser tous les étrangers prêcheur de haine ; et agir, si nécessaire par raison d'Etat pour éradiquer le mal à la racine...
Au delà du fanatisme, se pose la question de l'intégrisme religieux. Je pense ici à tous les extrémistes qui ne prennent pas les armes directement, mais qui distillent la haine du modèle français dans la société : remise en cause de l'égalité homme-femme, christianophobie, judéophobie, anti-France, anti-musulmans républicains, anti-arts... Toutes les associations et les courants de pensée qui s'opposent à la laïcité, prônent le rejet et la haine, et ne reconnaissent pas la légitimité de l'Etat républicain, doivent être purement et simplement interdits, et pour certains d'entre eux assimilés à des sectes.
Sur ces deux précédents points, force est de constater que les dirigeants politiques qui se sont succédés depuis des décennies n'ont guère été à la hauteur. Pire, par leur vision court-termiste, par leur politique clientéliste, et par leur manque de courage et de fermeté, il ont contribué à affaiblir la République et la Nation. Ils ont sacrifié nos armées, notre police et notre justice, en réduisant dramatiquement les budgets et les effectifs. Saviez vous que seulement 2,6% de notre Produit Intérieur Brut est consacré aux dépenses de sécurité ? A titre de comparaison 34% de notre PIB est consacré à nos dépenses sociales... Irresponsable ! Ces piètres hommes d'Etat ont galvaudé les symboles républicains, à commencer par notre hymne national et notre drapeau. Ils ont déconstruit l'école et affaibli l'autorité du maître...
C'est donc sur le terrain politique que nous devons dès maintenant reprendre la main. Nous, c'est la société civile qui s'engage. C'est vous et moi. C'est cette majorité silencieuse que nous voulons fédérer à travers le mouvement Objectif France. Car comment espérer que les problèmes seront résolus par ceux qui les ont créé ? Des décisions fortes doivent être prises pour réarmer la France. Réarmer la France sur le plan de la sécurité, bien sûr, mais aussi : réarmer la France sur un plan démocratique (en modernisant nos institutions) ; réarmer la France sur un plan moral et philosophique (en affirmant et en assumant nos valeurs telles que la laïcité) ; réarmer la France sur un plan économique (en stimulant la création et l'innovation) ; réarmer la France sur un plan social (en adaptant nos structures à la révolution technologique) ; et réarmer la France sur un plan éducatif (en refondant l'école pour mieux préparer l'avenir)...
Cette France réarmée vaincra le fanatisme et l'intégrisme. Cela ne fait guère de doute. Mais cela ne suffira pas : cette France aux valeurs fortes et ambitieuses devra plus que jamais parler aux millions de citoyens musulmans, qui pour la quasi-totalité d'entre eux aiment leur pays. Ces femmes et ces hommes sont des acteurs à part entière du récit national. Comment la République pourrait-elle les en exclure ? Or il se trouve que nombre d'entre eux, en particulier chez les jeunes hommes, suscitent désormais la crainte, et font l'objet d'une discrimination grandissante. Même si cette situation peut se comprendre, au vu des tragédies qui ont touché la France, elle est intenable à long terme pour la cohésion de la Nation.
La grandeur voudrait même que la France fasse évoluer sa doctrine géostratégique, afin de tisser des liens privilégiés avec les pays géographiquement proches dont la population est en majorité musulmane. Ayons en effet à l'esprit que les pays du Maghreb développent désormais un tropisme de plus en plus moyen-oriental, alors que nous avons une histoire commune et qu'ils sont situés aux portes de l'Europe. Il y a quelques années à peine, leurs populations suivaient assidûment les chaines de télévision françaises par le satellite. Aujourd'hui, elles ne jurent que par les chaines des pays du Golfe...
Pour la sécurité de la France, de l'Europe, et de la Méditerranée, il est essentiel que l'Algérie, le Maroc, et la Tunisie puissent résister aux sirènes obscures adressées par des pays instables, dont l'intérêt est de créer les conditions d'un chaos généralisé en Europe. Hélas, la France a depuis trop longtemps tourné le dos à la Méditerranée... Qu'attendons-nous donc pour retisser des liens privilégiés avec le Maghreb, en soldant définitivement notre passé colonial ?
Le renforcement des liens entre deux rives de la Méditerranée devrait passer en premier lieu par la création d'une « Union Francophone », qui remplacerait l'Organisation Internationale de la Francophonie, structure technocratique et peu opérationnelle. Cette nouvelle « Union Francophone » pourrait même rapidement devenir plus puissante et influente que le Commonwealth : il faut dire que près d'un milliard d'êtres humains parleront Français en 2050, grâce au développement de l'Afrique du nord et subsaharienne. Alors soyons fiers de partager notre langue avec ces peuples, et par conséquent notre culture, notre mode de pensée et notre vision du monde ! Imaginez les bénéfices que la France en tirerait sur les plans diplomatiques et économiques !
Nous devrons aussi avoir le courage de relancer un nouveau projet d'Union pour la Méditerranée, dont la mission serait de développer les coopérations économiques et culturelles entre les pays riverains de la «Mare Nostrum» (notre mer à tous). Une telle idée, lancée par Nicolas Sarkozy en 2007, répondait à une vraie vision géopolitique. Elle a malheureusement été vidée de son sens après que l'Allemagne d'Angela Merkel exigeât d'intégrer à ce nouvel ensemble méditerranéen tous les pays de l'Union Européenne, y compris les pays nordiques.
Et enfin, acceptons de retirer nos soldats des théâtres d'opération dans lesquels il n'ont pas vocation à se battre, tels l'Irak, la Syrie, ou la Libye. Les interventions occidentales dans ces régions, dont les motifs sont encore obscurs, ont créé le chaos plus qu'elles n'ont permis d'établir la paix. Notre ingérence n'a fait qu'attiser les rancoeurs et la défiance. Il est temps d'admettre que jamais dans l'histoire de l'humanité, la démocratie n'a été exportée par les armes. Une précision cependant : je ne fais pas ici référence aux intervention de nos armées au Mali ou en Centrafrique, légitimes celles-ci, car justifiées par des accords de coopération militaires entre nos pays...
Je sais bien que ces propositions de fermeté d'une part, et d'ouverture d'autre part, peuvent surprendre dans le contexte actuel. Mais comme le disait le Général de Gaulle, « face aux grands périls, le salut est dans la grandeur. » Alors soyons impitoyables avec les barbares, soyons fermes avec les extrémistes, soyons fraternels avec les millions de Français musulmans qui aiment notre pays et souhaitent contribuer à  écrire son histoire, et ouvrons-nous à  la Méditerranée et à  l'Afrique. Telles seront les conditions de notre grandeur retrouvée.
Rafik Smati