Tribune

Protégeons nos salariés et nos entreprises.



La décision du tribunal judiciaire du Havre de fermer l’usine Renault de Saindouville a rappelé au pays que même dans un moment de crise grave, nos institutions conservaient leur réflexe de défiance envers les entreprises.


Jeudi, la justice a renvoyé chez eux les 1000 employés de l’usine, condamnant l’entreprise pour des vices de procédures dans la convocation des représentants du personnel (CSE, commission santé, sécurité et conditions de travail). De manière loufoque, Renault a donc dû arrêter sa production sans que la justice ait mis en cause sa capacité à protéger ses salariés !

Blâmer une justice supposément trop à gauche ou l’action d’un syndicat comme la CGT – qui a saisi le Tribunal en référé – revient cependant à oublier le réel coupable : l’État. En s’érigeant comme l’intermédiaire indispensable de toute négociation interne (jusqu’aux modalités de convocation des représentants du personnel !) par un Code du travail illisible, l’État a créé une situation de défiance au sein des entreprises françaises, ce qui entrave les échanges, la coopération et décourage l’initiative individuelle. Cette défiance se traduit par un désengagement croissant des salariés français, comme l’ont montré les enquêtes Gallup.

La crise dans laquelle nous entrons sera le choc le plus important des dernières décennies ; il est donc urgent de protéger nos salariés et nos entreprises. Cela doit passer par la recherche de consensus pour permettre aux forces productives du pays de reprendre leur activité.

Or, nous sommes retombés dans nos travers du passé : le syndicat du patronat entonne le refrain de faire travailler plus en oubliant la nécessité de remplir les carnets de commandes, tandis que certains syndicats de salariés restent dans une posture anti-travail et anti-patronat, comme l’illustre cette affaire. Enfin, la classe politique refuse d’envisager des réformes économiques et fiscales ambitieuses et se limite à réclamer toujours plus d’argent public. Toutes ces postures n’aboutissent qu’à un seul résultat : monter les Français les uns contre les autres et accumuler du retard face à certains de nos voisins, où la reprise du travail se fait sans anicroches.

Il est temps de laisser place à une nouvelle vision du travail, libérée des postures politiciennes et tournée vers la coopération, le consensus et le pragmatisme. Ce n’est que lorsque le Léviathan aura cessé de s’immiscer à tort et à travers dans la relation des entreprises avec leur salariés que l’on pourra enfin parler de dialogue social. Chez Objectif France, cela constitue la pierre angulaire de notre projet.


Virginie Terrier, déléguée générale d’Objectif France
Boris Lapeyre de Cabanes, membre du Conseil National d’Objectif France