Provocations turques : osons enfin tenir tête à Erdogan !

Ces dernières semaines, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan a multiplié comportements hostiles et provocations inacceptables. Après avoir engagé la réécriture de l'histoire et la liquidation des avancées démocratiques et laïques en Turquie, le régime islamiste, nationaliste et autoritaire d'Erdogan engage pour de bon la réalisation de son rêve « néo-ottoman » : la reconstitution d'une forme d'impérialisme turc en Méditerranée orientale, fût-ce en violation du droit international ou des droits humains.
La décision, actée le 10 juillet par le Conseil d’État turc, de reconvertir en mosquée l'ancienne basilique Sainte-Sophie qui était depuis 1934 un musée célébrant les héritages chrétien et musulman du site, n'est qu'une étape de la « guerre culturelle » menée par Ankara, laquelle se fait de plus en plus offensive.
A l'image de toute l'action d'Ankara en Méditerranée orientale et de son hostilité croissante avec l'Europe.
En mars, Ankara avait ainsi poussé plus loin que jamais son chantage migratoire en ouvrant sa frontière avec la Grèce, pour y refouler des foules de migrants utilisées comme une arme politique dans des conditions inhumaine. Alors que l'UE continue de verser d'importants subsides à la Turquie pour qu'elle respecte l'Accord sur l'immigration de 2016, cette dernière se sert des millions de réfugiés présents sur son sol comme d'un moyen de pression ; désormais, avec sa présence militaire en Libye, la Turquie pourrait également utiliser les migrants massés sur les côtes de ce pays pour accroître son chantage.
L'intervention de la Turquie en Libye, qui s'affranchit aussi bien de l'embargo international sur les livraisons d'armes que des différentes résolutions votées au Conseil de sécurité des Nations unies, s'inscrit à la fois dans le dessein impérialiste néo-ottoman du régime d'Erdogan et dans une stratégie de concurrence envers les intérêts occidentaux au sud de la Méditerranée. L'intervention massive de la Turquie en Libye, dénuée de toute légitimité internationale, menace fortement la stabilité de la région, entre aggravation du conflit qui pourrait conduire à un éclatement de la Libye et risque d'affrontement futur avec l’Égypte qui masse des troupes à sa frontière. L'intervention turque en Syrie contre les Kurdes qui ont héroïquement combattu l’État islamique quand la Turquie entretenait envers lui une attitude ambiguë, avait déjà choqué par sa brutalité, entre crimes de guerre contre des civils et militaires, préférence sur le terrain pour les djihadistes plutôt que pour les combattants kurdes, attitude irresponsable envers les autres grandes puissances impliquées dans le pays. L'intervention en Syrie, elle, lève le voile sur la nature des ambitions turques, hostiles à l'Europe. Une hostilité qui franchit une nouvelle étape à Chypre et en Grèce.
Depuis le début de l'année, chaque mois a aussi vu la Turquie aller plus loin dans sa violation de la souveraineté de Chypre. Alors que la Turquie occupe le nord de l'île depuis qu'elle l'a envahie en 1974, occasionnant des affrontements avec la Grèce qui était déjà, comme elle, membre de l'OTAN, elle cherche depuis quelques années à s'emparer illégalement des champs gaziers au large. Ankara Fin mai, une trentaine de jeunes militaires turcs occupaient drapeau au vent une bande de terre grecque sur le fleuve Evros qui marque la frontière terrestre entre les deux pays, sans qu'Ankara ne condamne l'acte. Au contraire, la Turquie conteste de plus en plus ouvertement la souveraineté grecque sur plusieurs territoires, dont des territoires qu'elle n'avait jamais réclamé, comme l'île de Gavdos.
Les 21 et 22 juillet, la Turquie a franchi une nouvelle étape dangereuse dans sa confrontation avec Chypre et la Grèce. Dans le cadre de ses prétentions territoriales et de sa tentative de s'approprier illégalement les ressources gazières au large de Chypre, la Turquie a procédé au déploiement de 18 navires de guerre dans les eaux grecques. Parallèlement, les provocations turques ont fait naître une situation aérienne tendue à Kastellorizo, près de Chypre, en pleine zone convoitée par Ankara. Face à cette démonstration de forces hostile, la Grèce a mis ses forces en alerte, suspendu toutes les permissions pour ses soldats, et rappelé en urgence son chef d'Etat-major à Athènes. Rafik Smati a été le premier responsable politique à réagir sur les réseaux sociaux, pointant la volonté du régime d'Erdogan de s'imposer en Méditerranée orientale et la nécessité de sortir du déni face à cet activisme que l'Europe risque de payer très cher par son inaction.
Objectif France appelle la France à relever la tête face au comportement du régime turc qui profite de nos faiblesses, et à soutenir la Grèce victime des menaces d'Ankara. Notre pays lui-même fait l'objet de provocation inacceptables de la Turquie, au rang desquelles figure tout récemment la manœuvre agressive d'un navire militaire turc qui a effectué trois illuminations radar (équivalent d'un marquage de cible, manœuvre considérée comme particulièrement hostile selon les règles d'engagement de l'OTAN) contre la frégate française Le Courbet en juin dernier.
Si l'ambition néo-ottomane de la Turquie s'inscrit dans le temps long, la démultiplication des provocations turques et des interventions sur des théâtres de guerre en Méditerranée participent aussi d'une fuite en avant du régime turc : confronté à une baisse de sa popularité du fait notamment de difficultés économiques, Erdogan et son parti veulent ressouder leur base électorale et détourner l'attention des problèmes intérieures par un aventurisme à l'étranger qui pourrait bien dégénérer.
Objectif France et Rafik Smati alertent sur le risque, dangereusement sous-estimé, de voir le comportement de la Turquie en Méditerranée orientale déboucher sur un conflit armé qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques. La seule manière d'éviter une telle issue est d'assumer le rapport de forces face à un régime qui ne comprend que ce langage, d'imposer une véritable dissuasion face à Ankara qui souhaite imposer son fait accompli.
Derrière ce nécessaire sursaut face à l'aventurisme international d'Erdogan, notre pays doit surtout se réveiller face à l'ingérence du régime national-islamiste turc sur notre sol. Depuis 20 ans, Ankara mène en France (comme dans le reste de l'Europe) une stratégie d'infiltration et de déstabilisation. Le but : favoriser le communautarisme, entraver l'intégration de Français d'origine turque ou plus largement de confession musulmane, peser sur notre vie publique, bref, fragiliser la cohésion nationale et les valeurs républicaines. Face à cette stratégie sournoise, Objectif France veut porter le combat pour l'assimilation face aux communautarismes encouragés par Ankara, pour la laïcité face à l'islamisme promu par les réseaux d'Erdogan, pour la défense de la République face à un régime qui les défie sur notre propre sol.
Sur notre propre sol comme auprès de nos alliés européens, osons relever la tête face à Erdogan et mettre fin à ses ambitions avant qu'il ne soit trop tard !