Rafik Smati : « Ne pas laisser l'enjeu du climat aux idéologues décroissants »

En cet été 2022, rencontre avec l'entrepreneur et Président d'Objectif France Rafik Smati, qui a décidé de lancer une grande consultation sur le climat, alors que les manifestations (sécheresses, incendies...) se font de plus en plus nombreuses.
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1- L’enjeu climatique est au cœur de votre engagement, citoyen d’abord, politique ensuite, qu’est-ce qui a motivé votre intérêt pour ce sujet ?
Merci de rappeler que mon engagement pour la cause environnementale et le climat ne datent pas d’hier, je publiais en 2010 un premier essai, « Vers un capitalisme féminin » qui s’articulait autour des questions de long terme, de révolution verte, de transition écologique, d’économie bleue. Un livre dans lequel j’appelais à faire de la France le laboratoire d’un nouveau modèle de civilisation.
Les enjeux environnementaux et climatiques sont devenus systémiques, car ils concernent notre quotidien mais parfois relèvent aussi d’enjeux qui nous dépassent.
La cause environnementale et la lutte pour le climat ont par exemple des implications en termes d’eau, d’alimentation en France, en Europe mais aussi en Afrique, avec tous les impacts que l'on peut ensuite imaginer au niveau démocratique, de l’immigration dont nous avons d’ores et à gérer les conséquences aujourd'hui.
La cause environnementale et la lutte pour le climat, c’est aussi la question de le l’industrie, la manière dont nos entreprises vont produire dans le siècle qui vient, avec la question centrale de la compétitivité de nos entreprises et les effets sur la quête du plein emploi.
En définitive, on ne peut pas penser l’avenir, la France, l’avenir, en faisant abstraction des enjeux climatiques, et c’est même tout le contraire. Ce sont les nations qui décideront de prendre ces enjeux à bras le corps qui deviendront les chefs de file de cette deuxième partie de siècle.
2- Vous avez souhaité organiser une consultation sur le climat en cet été 2022, pour quelle raison ?
La bataille pour le climat est un sujet trop sérieux pour en laisser le monopole à des idéologues qui se sont auto-proclamés écologistes, et qui revendiquent l’exclusivité de cette bataille. Des idéologues qui prônent la décroissance et ne raisonnent que par la taxe, la privation, dans une logique anti-science.
La bataille pour le climat nous concerne tous. Chacun d’entre nous dispose d’une partie de réponse à cette équation. Nous devons tous nous réapproprier ce sujet. Dans cet objectif, cette enquête doit permettre à chacun de s’exprimer, et si elle contribue à ce que nous nous réapproprions ces enjeux, alors nous aurons fait un grand pas.
3- Pensez-vous que les solutions aux enjeux climatiques doivent venir des Ministères, ou du terrain ?
Chacun d’entre nous a une responsabilité. Quand on est chef d’entreprise, ce qui est mon cas, on prend des décisions qui ont un impact sur l’environnement, sur le climat. En tant que consommateur, chacun d’entre nous a également un micro-pouvoir qu’il convient d’exercer.
Mais il serait malsain de faire porter l’intégralité du combat pour le climat sur les citoyens dits ordinaires et rien que sur eux. En effet, un certain nombre de décisions sont éminemment politiques, et doivent être prises au plus haut sommet de l’État.
4- Sur l’ensemble des enjeux climatiques, vous évoquez souvent l’énergie, pour quelle raison ?
L’énergie est le marqueur d’une civilisation. L’énergie est le sujet de long-terme par excellence, qui engage notre souveraineté, avec des rapports de force géopolitiques, mais c’est aussi le sujet du quotidien à travers le pouvoir d’achat avec l’explosion des prix de l’énergie, et des matières premières (pétrole…etc).
Sur cette question énergétique, j’affirme qu’il faudra à horizon 2050 plusieurs dizaines d’EPR (réacteurs nucléaires de nouvelle génération) pour permettre à la France de gérer cette transition énergétique, avec l’avènement des véhicules électriques, celle de la 5G puis de la 6G. Notre économie va demain nécessiter une quantité astronomique d’électricité que nous ne sommes pas en mesure de produire actuellement. Dans le même temps, il faudra continuer à développer les énergies renouvelables, à investir dans le recyclage...
Le temps est venu de prendre ces décisions, animés d’une hauteur de vue et d’une vision de long terme qui seules permettront à nos enfants, et à nos petits-enfants d’écrire l’histoire, dès demain.