Programme

Mer

Les propositions d'Objectif France


Le XXIe siècle se jouera en grande partie sur les mers : celles-ci seront au cœur du futur de la mondialisation, de la protection de l’environnement et de la géopolitique des puissances. La France, qui peine à se réinventer et à se projeter dans l'avenir, est peut-être le pays dont les atouts maritimes sont les plus grands, mais ceux-ci sont sous-exploités et absents du débat public. Objectif France fait de la vocation maritime de notre pays une priorité politique, qui s’inscrit dans l’esprit de conquête que nous voulons porter.

La France a trop souvent tourné le dos au large ; nombre de nos échecs historiques s’expliquent par un désintérêt politique pour la mer, aujourd’hui encore. Richelieu disait que « les larmes de nos souverains ont le goût salé de la mer qu’ils ont ignorée ». Le projet maritime d’Objectif France vise à réparer enfin cette erreur historique, pour que la mer puisse redonner aux Français le goût du futur.

Notre pays est le seul à être présent sur tous les Océans du Globe, le seul sur lequel le Soleil ne se couche jamais. Notre zone économique exclusive (ZEE) est avec 11 millions de km2 la deuxième du monde, faisant de nous un pays plus grand que la Chine, et recèle d'immenses ressources halieutiques, des hydrocarbures et des métaux indispensables pour les industries d’avenir. Mais notre ZEE, encore largement inexplorée, se fait piller faute de moyens suffisants pour la Marine nationale qui peine à en assurer la surveillance, alors que la haute mer risque de devenir l’un des principaux enjeux géopolitiques des prochaines décennies.

L’économie maritime représente 400 000 emplois directs en France, et pourrait en peser un million d’ici 15 ans selon le Cluster maritime français si nous nous en donnions les moyens. Pêche, énergies marines renouvelables, construction et déconstruction navales, transports, aquaculture, industries du secteur maritime : la croissance bleue est un formidable gisement d’emplois et d’activité, dont Objectif France veut enfin valoriser et libérer le potentiel ignoré par la classe politique. La mer est la clé de la croissance durable, y compris sur terre !

Dans le domaine des biotechnologies, l’alliance de notre génie scientifique et de nos ressources halieutiques pourrait permettre des révolutions dans divers domaines tels que la santé, l’alimentation durable, l’économie circulaire et les écoproduits, ou encore les biocarburants et autres industries chimiques vertes.

Nos ports, si stratégiques dans un monde où 90% des échanges se font en mer, sont marginalisés par leur manque de compétitivité et mal connectés au territoire, ce qui représente un désastre dans l’aménagement du territoire et a des conséquences économiques et écologiques désastreuses. Adopter enfin une stratégie ambitieuse pour nos ports contribuerait fortement à la redynamisation et à la réindustrialisation de nos territoires, avec à la clé de nombreuses créations d’emplois, et renforcerait notre puissance commerciale.

À l’échelle européenne et internationale, la France, dont l’immense domaine maritime est de loin le plus riche en termes de biodiversité, a également tout pour devenir le leadeur de la protection des Océans, qui constitue l’un des principaux défis qu’aura à affronter l’Humanité.

De notre capacité à exploiter notre potentiel maritime dépend notre avenir. Il faut une volonté politique : nous l'avons. Il faut des moyens à la hauteur : nous les engagerons. L’Histoire de France au cœur et nos atouts en tête, nous réaliserons enfin la vocation maritime de notre pays. Voici les grandes orientations de notre projet pour faire gagner la France en mer.


Synthèse en 34 points clés :


Ancrer la Mer dans l’imaginaire national, bâtir un nouveau récit collectif

1 - Enseigner dès l’école primaire la dimension planétaire unique de notre pays, présent sur tous les Océans du monde, en insistant sur la richesse et l’immensité de notre territoire maritime qui fait de nous le sixième pays du monde en superficie.

2 - Communiquer sur ces atouts auprès du grand public, pour que les Français comprennent qu’ils ont de l’or bleu entre les mains. Une telle prise de conscience peut faire considérablement reculer le sentiment que la France est sans réels leviers d’avenir et vouée au déclin.

3 - Proposer une Journée de la France maritime et d’Outre-Mer, fête civile non-fériée sur le modèle de la Journée de l’Europe ou de la Fête de la Musique, qui serait l’occasion de réaffirmer chaque année le choix qu’aura pris notre pays d’assumer enfin sa vocation en mer.

4 - Mettre en projet, si les conditions financières le permettent et que le mécénat privé est au rendez-vous, la construction d’un musée de la France maritime auquel s’adjoindrait un centre d’activités accueillant un Salon de la Mer, pendant maritime du Salon de l’Agriculture.


Faire de la Mer une priorité stratégique absolue

5 - Créer un grand Ministère de la Mer ainsi qu’une « Alliance pour la Croissance bleue » réunissant les acteurs privés et publics du secteur, pour donner un cap immédiat à la politique maritime de la France.

6 - Fusionner les structures actuelles (Secrétariat général de la mer, Délégation générale à la mer et au littoral, Affaires maritimes, Direction inter-régionale de la mer, etc.) au sein d’une vaste Direction générale de la Mer chargée d’ancrer notre stratégie maritime dans la durée et d’en assurer la cohérence avec des moyens à la hauteur, même en cas de remaniement ministériel se traduisant par une suppression du Ministère de la Mer. Rapprocher cette Direction générale de la Mer du Secrétariat général pour l’Investissement en vue d’associer le secteur maritime au Programme d’investissements d’avenir (PIA) ; bâtir un montage financier solide pour les projets de la France en mer et coordonner les partenariats public-privé et marchés de partenariat.

7 - Ériger les nécessaires grands travaux tels que la transformation de nos grands ports (Le Havre en premier lieu) ou la modernisation des chantiers navals de Saint-Nazaire en opérations d’intérêt national (OIN).

8 - Doter la stratégie maritime de la France d’un Plan maritime pluriannuel débattu et voté par le Parlement, sur le modèle de la Programmation pluriannuelle de l’énergie ou des Lois de programmation militaire. Créer une Commission des Affaires maritimes à l’Assemblée nationale et au Sénat, qui serait une commission législative permanente et non un simple groupe de travail : la politique maritime de la France doit s’inviter dans la vie parlementaire.


Sauver nos ports et les placer au cœur d’une révolution des transports

9 - Fixer pour la France métropolitaine des objectifs ambitieux de reconquête de parts de marchés, d’augmentation du tonnage total de nos ports et de leur chiffre d’affaires global, d’accroissement de leur poids dans notre commerce extérieur aujourd’hui dominé par les ports de l’ARA (Anvers, Rotterdam, Amsterdam), et de croissance du trafic portuaire sur nos façades maritimes : de tels objectifs guideront la stratégie portuaire que notre pays doit enfin adopter.

10 - Renforcer la compétitivité de nos ports dans la compétition commerciale : réorganiser les chaînes logistiques, instaurer un guichet portuaire unique, favoriser la diversification des trafics, généraliser l’autoliquidation de la TVA, numériser et simplifier les procédures douanières et portuaires, etc. Renégocier la 6e directive TVA de 1977 (en particulier son article 23) qui désavantage nos ports en imposant aux importateurs le règlement de la TVA dès la commande via un port français et en accordant un délai de paiement via les ports d’un pays tiers.

11 - Développer la logistique globale : établir des offres de transbordement régional, favoriser l'implantation de services à valeur ajoutée, financer correctement l'implantation logistique.

12 - Lancer un grand plan pour le transport de marchandises, basé sur le fret ferroviaire, fluvial et maritime, pour assurer une desserte multimodale plus écologique dans toute la France ; diminuer parallèlement la part modale du transport routier. Moderniser la desserte ferroviaire de nos ports et faire de ceux-ci les points de départ d’un schéma ferroviaire plus intelligent, en confiant ces travaux de remise à niveau à SNCF Réseau. Améliorer prioritairement la desserte des principaux « grands ports maritimes » (GPM) : Le Havre, Marseille et Dunkerque.

13 - Adopter un plan de remise à niveau des canaux incapables d’accueillir une croissance du trafic fluvial, encourager l’aménagement des quais fluviaux pour augmenter la place à quai, relancer les projets de connexion fluviale financièrement et écologiquement réalisables, et conditionner la réalisation du Canal Seine-Nord Europe à la remontée en puissance du Havre (cf. infra).

14 - Connecter enfin Dunkerque et Le Havre au corridor européen de fret 2 (« North Sea – Mediterranean ») pour mieux intégrer notre façade maritime nord-ouest et les industries de la moitié nord du pays au principal axe de communication européen. De même, améliorer la connexion de Marseille aux corridors de fret méditerranéens après avoir renforcé la compétitivité de ce port.

15 - Favoriser la concentration des activités et l’implantation de zones industrielles et commerciales au sein des zones portuaires, améliorer la gestion domaniale. Préparer l'extension foncière de nos grands ports à 20 ans : dans le cadre d’une nouvelle Loi littoral plus ambitieuse sur le plan de la défense de l’environnement que celle de 1986, Le Havre, Marseille, Dunkerque et Saint-Nazaire pourraient faire l’objet d’exceptions avec une législation environnementale moins contraignante.

16 - Encourager le cabotage entre ports français et avec les autres ports européens.

17 - Préparer les ports stratégiques d’Outre-Mer (GPM-Guyane, GPMDLR de la Réunion, Pointe-à-Pitre) à la croissance qu’ils connaîtront du fait d’une plus grande exploitation de notre ZEE et d’un renforcement de la présence militaire nécessaire à la protection de celle-ci ; proposer au Canada un partenariat qui contribuerait à faire de Saint-Pierre-et-Miquelon une plaque tournante régionale.


Doter la France d’un véritable port mondial et ouvrir Paris sur les mers

18 - Faire du développement du port du Havre et de l’Axe Seine un grand chantier d’intérêt national, avec l’objectif de faire de ce port l’un des 5 premiers d’Europe à horizon de 15 ans, et l’un des 3 premiers à horizon de 25 ans. L’arrière-pays (hinterland), qui s’étend de l’estuaire de la Seine à l’agglomération parisienne, peut faire du Havre un port mondial.

19 - Améliorer la gouvernance en refondant l'HAROPA (ports du Havre, de Rouen et de Paris), doter le futur grand port d'une représentation permanente à Bruxelles pour y défendre nos intérêts, garantir la continuité de ce projet d'intérêt national en conservant une équipe indépendante des enjeux politiques locaux.


Parier sur les biotechnologies marines et faire de la France le leadeur mondial de la recherche maritime au sens large

20 - Créer un « hub de la connaissance marine » de niveau mondial et soutenir la création de bioparcs régionaux dédiés aux biotechnologies marines.

21 - Annoncer l’objectif clair de faire à terme de notre pays le leadeur mondial de la recherche maritime et de la valorisation de l’Or bleu.


Mettre la valorisation de nos ressources maritimes au cœur de la croissance durable, faire de la croissance bleue l’un des piliers de la réindustrialisation de notre pays

22 - Soutenir les recherches publiques et privées sur le potentiel des ressources halieutiques dans le domaine de la santé.

23 - Accompagner les recherches et expérimentations sur les algues dépollueuses ; intégrer leur production maîtrisée dans une stratégie de réduction de l’impact de l’activité humaine sur les côtes et dans les estuaires de France.

24 - Promouvoir l’utilisation des engrais d’algues écologiques qui font déjà leurs preuves dans certaines exploitations agricoles bretonnes.

25 - Soutenir le développement des biocarburants à base d’algues, bien plus écologiques que les biocarburants « terrestres » aux effets pervers multiples, et du biogaz extrait de microalgues.

26 - Développer la production de plastique biodégradable à base d’algues et financer des projets de recherche dans ce domaine.


Former aux métiers de la mer, exploiter les gisements d’emplois du secteur

27 - Officialiser par des mesures concrètes l’objectif proposé par le Cluster maritime français de porter à un million le nombre d’emplois maritimes directs en France en quinze ans.

28 - Mieux sensibiliser et former aux métiers de la mer en ouvrant au moins un CFA centré sur les activités maritimes dans chaque département littoral en Hexagone et Outre-Mer.


Protéger notre domaine maritime

29 - Accroître nos moyens de surveillance maritime afin de garantir le contrôle de notre zone économique exclusive (voir le projet « Défense nationale » d'Objectif France).

30 - Proclamer haut et fort que la France ne cédera aucune de ses possessions maritimes, ni ne partagera sa souveraineté sur ses îles, îlots ou domaines maritimes.


Faire de la diplomatie maritime l'un des piliers d'une nouvelle doctrine de politique étrangère

31 - Lier ambition maritime et ambition francophone en créant de nouveaux partenariats ciblés entre nos Outre-Mer et leurs voisins lorsque ceux-ci sont membres actifs de l'Organisation internationale de la Francophonie (à titre d’exemple, entre Saint-Pierre-et-Miquelon et le Québec).

32 - Proposer de faire évoluer le statut des Océans de « res nullius » à « res communis » pour les faire reconnaître comme bien commun de l’Humanité par le droit international.

33 - Dans le cadre d’une Organisation mondiale de l’Environnement qui serait adossée à l’ONU, porter un projet concret et financé de dépollution des océans, à commencer par le vortex de déchet du Pacifique nord.

34 - Réclamer à l’ONU un accord exigeant contre la surexploitation des ressources halieutiques ; défendre une législation contraignante concernant la surpêche, et l’instauration d’un principe pollueur-payeur avec sanctions à la clé.


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[ Tribune ] Tribune de Rafik Smati et Aurélien Duchêne :
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[ Tribune ] Tribune d'Aurélien Duchêne :
Sauver le port du Havre, un enjeu national

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Mobilisation générale pour l’île de Tromelin