Programme

Francophonie

Les propositions d'Objectif France


La langue française est entrée dans une nouvelle ère, celle de la mondialisation ; par son caractère universel, elle pourrait à son tour faire entrer la mondialisation dans une nouvelle ère.

Notre pays a ses racines en Europe, et son destin est lié à celui de ses voisins sur le Vieux Continent. La civilisation européenne à laquelle nous avons tant apporté constitue la plus grande part de notre héritage, et bien des défis majeurs pour notre pays ne pourront être relevés qu'à l'échelle de l'Europe. Mais la France, nation planétaire présente sur tous les océans où se jouera une partie de son avenir, nation universaliste dont l'héritage, la vocation et l'ambition ne sont pas ceux d'une puissance moyenne coincée à l'extrémité occidentale de l'Eurasie, n'est pas réduite à sa dimension européenne.

Nous appartenons à un vaste monde francophone qui rassemble des États sur tous les continents. Aujourd'hui informel et sous-valorisé, cet ensemble linguistique pourrait demain devenir une véritable communauté, fondée sur des partenariats gagnant-gagnant et une volonté de peser ensemble davantage sur les affaires du monde. Avoir une langue et parfois des valeurs en commun, c'est avoir une part d'avenir en commun. La francophonie est un atout aussi immense qu’inexploité pour la France, et pour tous les pays ayant le français en partage ; elle doit nourrir une véritable Francophonie politique et économique. Objectif France veut donc en faire une priorité stratégique pour notre pays au cours des prochaines décennies.

Plus de 300 millions de personnes parlent aujourd’hui notre langue dans le monde, dont 235 millions quotidiennement ; 132 millions de personnes apprennent le français, ce qui en fait la langue la plus apprise après l’anglais. Le français est aussi la deuxième langue des organisations internationales, la troisième langue des affaires, la quatrième langue d’Internet, etc. La langue de Molière est langue officielle dans 32 États et gouvernements et bénéficie de dispositions privilégiées dans bien d’autres pays encore. En 2050, du fait notamment de la croissance démographique africaine, le nombre de francophones pourrait mécaniquement dépasser les 700 millions. Selon diverses études, notre langue est celle dont le nombre de locuteurs croît le plus vite dans le monde, une tendance qui devrait s'amplifier dans les prochaines décennies du fait de la croissance démographique supérieure de l'espace francophone par rapport aux autres espaces linguistiques. Certes, les projections à long terme sont souvent démenties. Si le risque de voir la croissance du français faiblir (voire reculer, comme on peut l'observer dans certaines régions) existe, celle-ci devrait selon toute vraisemblance rester forte et continue, et permettre à notre langue de rester la seule langue véritablement mondiale avec l'anglais au XXIe siècle, y compris face au chinois et à l'espagnol.

Le français a été pendant des siècles la langue d’expression du génie humain et de communication entre les élites de nombreux pays. Il est aujourd’hui en passe de déterminer le futur de la mondialisation et de jouer un nouveau rôle dans l’Histoire universelle. La francophonie est souvent vue en France sous un angle culturel, comme un simple outil d’influence et de rayonnement. Pour nous, l’enjeu est beaucoup plus vaste. Il est, entre autres, économique, le fait d'avoir une langue en commun renforçant considérablement les échanges commerciaux, les investissements, la croissance (avec un fort potentiel à la hausse, y compris pour la France). Il est aussi et surtout politique, avec la possibilité pour les États et sociétés francophones de renforcer leurs relations et développer des coopérations à tous les niveaux et dans des domaines variés et sous-exploités (environnement, sécurité, éducation et recherche, etc.). Dépassant le seul cadre de la langue, la francophonie recouvre aussi un espace où tous les habitants ne parlent pas français, mais appartiennent à une véritable sphère francophone qui peut devenir le socle d'une francophonie intégrée.

Cet espace francophone de 540 millions d’habitants représentait, en 2016, plus de 7,3% de la population mondiale (contre 6,4% en 2000) et 8,7% du PIB de la planète (avec, entre autres, 10,9% des exportations et 12,2% des importations mondiales) ; des chiffres qui ont largement augmenté depuis. On y trouve aussi bien des pays développés comme le nôtre que des nations en plein développement ou à l’aube de celui-ci, une population active au fort potentiel que des ressources stratégiques. Dans une définition encore plus large, celle des 84 États membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), la galaxie francophone rassemble 900 millions d’habitants et produit 14% des richesses du monde dont elle représente 20% des échanges commerciaux. Or, l’espace francophone connaîtra un essor économique et démographique spectaculaire dans les prochaines décennies. De même, le monde francophone peut s'étendre à des États dynamiques qui ont des intérêts culturels, économiques et diplomatiques proches, à commencer par le Nigeria, géant anglophone entouré de voisins francophones. La Francophonie, en attendant que la France veuille bien être au rendez-vous de l’Histoire, se développe grâce aux dynamiques locales, preuve qu’il est possible d’avancer rapidement avec nos partenaires francophones si nous fixons avec eux des objectifs communs ambitieux.

Le potentiel de la francophonie est donc immense ! Mais les dirigeants français font très, trop peu pour la francophonie politique, entre absence de vision, absence de mémoire historique et d'audace. La construction d'une francophonie politique doit se faire avec l'adhésion et la volonté des peuples. Or, elle risque en Afrique de susciter du rejet dans certains pays où, par les incohérences et insuffisances de sa politique étrangère, la France a éveillé contre elle des frustrations, des déceptions, de la méfiance, voire de l'hostilité. Sur ce continent, le développement d'une francophonie ambitieuse risque de se heurter au sentiment anti-français. Rien n'est pourtant perdu ! Une francophonie politique fondée sur des relations équilibrées et promotrice de partenariats gagnant-gagnant est le meilleur cadre possible pour bâtir une nouvelle relation avec l'Afrique qui soit profitable aux populations des deux côtés de la Méditerranée.

L’enjeu est aussi économique. Il faut que l’espace francophone soit également un levier pour développer les échanges et la croissance en sortant d’une approche uniquement culturelle, tournée vers le passé et parfois teintée de nostalgie. A l’image du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) qui a créé lors de son université d’été en 2021 (Rencontre des entrepreneurs de France ou REF) une Francophonie des affaires, l’espace francophone doit être un espace de conquête tourné vers l’avenir.

De même, si l'expansion de la langue française est une réalité, il nous faut rester prudents. En Afrique, le nombre de francophones et d'apprenants du français augmente constamment, mais ces derniers restent généralement minoritaires au sein de la population ; des millions de personnes qualifiées de « francophones » ont une maîtrise limitée de la langue. La réalité du terrain est généralement complexe : si le français progresse dans certaines régions, il stagne ou recule dans d'autres. Enfin, la perspective de plus de 700 millions de francophones en 2050 a sur le papier de fortes chances de se concrétiser, mais elle n'a rien d'inéluctable. Sans effort pour l'accompagner, cette projection démographique pourrait être sans lendemain ; pis, le nombre de locuteurs du français pourrait stagner si l'enseignement de la langue se délite. Mais là encore, la situation est réversible et notre marge de progression est immense, dans les pays francophones et dans les pays francisants qui voient dans le français une langue d'avenir. Avec une volonté, de la constance et des moyens, l'objectif de faire du français la langue qui progressera le plus au XXIe siècle est à notre portée !

Il est à la fois possible et nécessaire de co-construire avec les autres États francophones un ensemble géopolitique solide, capable de peser dans les affaires du monde. De même que la France participe à la construction européenne qu’elle a grandement initiée, il lui faut s’impliquer activement dans la construction d’une communauté politique de la Francophonie. Il existe aujourd'hui une Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dont l'utilité et la pertinence sont discutables, et qui a perdu son âme à force de s'élargir. L'heure est venue de porter un nouveau projet. Nous voulons bâtir avec les États et régions volontaires une Union francophone ambitieuse, qui serait d'abord distincte de l'OIF avant, peut-être, de la remplacer un jour. Moins intégrée que l'UE mais porteuse de politiques communes, une telle Union serait un multiplicateur de puissance pour la France et pour les autres États-membres qui tireront profit de leur appartenance à cet ensemble.

À plus court terme, il faut prendre enfin des mesures concrètes, avec des moyens à la hauteur, pour faire vivre la francophonie chez nous et la renforcer à l’international. En France même et en Europe, nous avons deux grands défis à relever en agissant vite et fort : défendre et promouvoir le français au quotidien, en en faisant une clé de notre politique d'assimilation et de rétablissement de la cohésion nationale (assimilation des étrangers par la langue, lutte contre l'affaiblissement du niveau de français au sein d'une part croissante de la population, généralement issue de l'immigration) ; défendre et promouvoir davantage le français en Europe, pour y renforcer l'influence de notre pays et refaire du français la langue de travail et d'échange qu'il a si longtemps été pour les élites et dirigeants européens.

Face à une compétition agressive entre États-puissances, aux menaces et opportunités d'une mondialisation que les pays francophones subissent parfois plus qu'ils n'en profitent, la francophonie est un atout immense pour la France et pour tous les peuples et États qui ont le français en partage : nous en ferons une priorité stratégique absolue pour notre pays, pour que l'avenir s'écrive aussi en français.


Synthèse en 20 points clés :


Bâtir une Francophonie politique et économique capable de peser dans la mondialisation

1 - Annoncer clairement dès le début du prochain quinquennat l'objectif de créer d'ici à 2030 une véritable Union francophone avec les nations volontaires à partir du vivier constitué par l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Cette Union, dont le niveau d'intégration et l'étendue des compétences resteront à définir, s'articulera autour de projets politiques, culturels, économiques, commerciaux, sécuritaires, scientifiques et environnementaux ambitieux, et cherchera à s'imposer comme un ensemble géopolitique puissant sur la scène internationale. Pour rester un projet viable et cohérent, l'Union ne pourra débuter qu'autour d'un noyau resserré d’Etats et de régions francophones prêts à des avancées rapides et un certain niveau d'intégration.

2 - Proposer la négociation et la signature d'un accord équitable sur la dette, l'exploitation des ressources minières et agricoles et les échanges commerciaux. Cet accord, qui aura aussi une visée extérieure face aux pratiques prédatrices de puissances comme la Chine en Afrique francophone, pourrait constituer une première avancée concrète avant la mise en place d'une politique commerciale dans le cadre d’une Union francophone, politique capable de peser sur les négociations internationales.

3 - Développer, avec les États volontaires, une coopération francophone en matière de politique industrielle dans des secteurs clés : transition énergétique ; économie circulaire ; numérique ; services à distance ; industries de santé ; biotechnologies.


Mieux valoriser le potentiel du français comme langue globale

4 - Proposer aux États volontaires la mise en place d'un réseau d'échanges entre pays francophones sur le modèle d'Erasmus et Erasmus+, en y mettant les moyens nécessaires, et signer des accords au cas par cas avec les pays francophones pour faciliter la scolarisation d'étudiants francophones en France et dans les autres pays francophones comptant des universités de rang mondial.

5 - Engager une réflexion sur l'adaptation de l'Académie française à la transformation du français en langue mondiale dont les locuteurs seront de plus en plus majoritairement hors de France ; une telle évolution pourrait passer par l'extension du nombre de sièges à l'Académie, ou par l'ouverture d'un autre site en Afrique francophone.

6 - Étudier la faisabilité d'une transformation du bac de français en un bac francophone commun à différents pays.

7 - Engager, en partenariat avec leur pays d'origine, un programme de recrutement et de formation de professeurs de français ou de traducteurs au sein des populations françaises issues de l'immigration.


Investir massivement et intelligemment pour développer le monde francophone

8 - Fixer, en partenariat avec les États africains francophones et francisants, trois objectifs de développement qui guideront l'aide au développement et les investissements publics français dans ces pays : accélérer l'autonomisation vis-à-vis de l'aide internationale en investissant dans des projets capables de favoriser l'activité d'origine locale sur le long terme ; arrêter la fuite des cerveaux et l'émigration des forces vives pour favoriser le développement endogène ; réduire la dépendance vis-à-vis des matières premières et favoriser le développement d'autres secteurs. Le but sera de permettre à ces pays de sortir au plus vite de leur dépendance aux aides extérieures, en passant d'une logique d'assistance à une stratégie d'autonomisation.

9 - Concentrer la quasi-totalité de l'aide publique au développement française (qui continue d'être versée à des pays comme la Chine, l'Inde ou le Brésil, et n'est concentrée qu'à environ 35% sur le monde francophone et à 43% sur l'Afrique) sur les seuls pays membres de l'Organisation internationale de la Francophonie et renationaliser les fonds aujourd’hui versés à l’aide publique au développement européenne. Cette politique s'inscrira dans le cadre de la refonte globale de l'aide au développement.

10 - Créer une Banque francophone d'investissement, associée à plusieurs structures existantes aux missions convergentes, comme la Banque africaine de développement. Sa mission sera d'investir en priorité dans l'éducation, la santé, la transition écologique dans les seuls pays francophones, en priorité africains.


Défendre et promouvoir le français au quotidien, faire de la maîtrise du français une clé de notre politique d'assimilation et d’inclusion sociale

11 - Supprimer toute subvention publique ou participation de l’État ou de collectivités territoriales à des événements (colloques, festivals, etc.) où le français ne serait pas employé, en France comme à l'étranger.

12 - Conditionner la délivrance de titres de séjour, les contrats d'accueil et d'intégration et le traitement des demandes d'asile à des évaluations de maîtrise du français, évaluations qui pourront être suivies d'une formation certifiante (certification CléA) de mise à niveau en cas de besoin. Tout candidat à l'immigration sera obligé de disposer ou d'acquérir rapidement un niveau de français B2 ou C1 pour pouvoir régulariser sa situation. La mise à niveau sera adaptée aux origines des candidats et mettra l'accent sur leur insertion professionnelle et sur le rattrapage des fondamentaux scolaires pour les enfants.


Défendre et promouvoir le français dans l'Union européenne et les organisations internationales

13 - À la suite du Brexit, dénoncer le maintien de l'anglais comme langue officielle au sein de l'Union européenne pour imposer le primat du français et de l'allemand comme langues des institutions de l'Union et comme langues de travail et d'échange. Militer pour l'emploi du français, seule langue de travail de l'ONU avec l'anglais, comme l'unique langue de travail et d'expression de l'Union européenne en matière d’affaires étrangères dans ses relations avec les États et organisations hors-UE.

14 - Veiller scrupuleusement au respect du statut du français comme langue de travail dans les diverses institutions internationales concernées, en commençant par imposer aux représentants de la France l'emploi systématique du français dès lorsqu'ils en ont la possibilité. Dans la même logique que la suppression de toute subvention à des événements où la langue française ne serait pas employée, refuser la participation de la France à des réunions où l'emploi du français serait écarté.


Refaire du français la langue du savoir et de la création

15 - Dans le cadre d’une Francophonie des affaires portée par l’OIF, engager un programme de recherche active de futures élites francophones ou francophiles (culture, sciences, économie, etc.) pour les valoriser par tous moyens (y compris financiers) et mieux développer leurs réseaux en France comme à l'international. Mettre sur un pied un programme Jeunes dirigeants francophones visant à créer, à faire émerger et fidéliser un réseau d'élites francophones dans la mondialisation.

16 - Agir pour la création d'au moins trois revues scientifiques francophones d'envergure mondiale, capables de rivaliser avec les principales revues anglophones : une revue spécialisée dans les enjeux scientifiques d'avenir (santé, biotechnologies, NBIC, électronique, sciences de l'environnement) ; une revue spécialisée dans les enjeux internationaux et stratégiques permettant de diffuser des analyses et narratifs capables de développer une vision du monde alternative, issue des centres de réflexion français et de pays francophones aujourd'hui peu audibles sur la scène internationale ; une revue d'histoire des mondes francophones, pour y traiter notamment des enjeux mémoriels et historiographiques sujets à controverse et à instrumentalisations, sous un angle scientifique et dépassionné.

17 - Utiliser une partie des profits tirés de la privatisation d’une bonne part de l'audiovisuel public pour renforcer les médias opérateurs de la francophonie (France 24, RFI, TV5 Monde qui seront fusionnés en une BBC à la française).

18 - Créer un équivalent des prix Nobel pour le monde francophone : des prix seront décernés chaque année dans des domaines similaires (paix, littérature, physique, chimie, économie, médecine, etc.) et originaux (protection de l'environnement, etc.).


Créer un véritable sentiment d'appartenance à la Francophonie

19 - Accorder au drapeau de la Francophonie la même importance institutionnelle qu’au drapeau européen pour signifier que la France du XXIe siècle n'est pas réductible au rang de puissance européenne et appartient aussi au monde francophone. Au même titre que le drapeau européen, le drapeau de la Francophonie sera désormais arboré aux côtés du drapeau national à chaque représentation de la France à des rencontres internationales, à chaque intervention officielle d'un membre de l'exécutif. Il flottera au-dessus des bâtiments publics (sièges d'institutions nationales, ministères et antennes en province, ambassades et consulats, représentations permanentes dans les institutions internationales, etc.) et les collectivités locales seront encouragées à le déployer sur les autres bâtiments publics, des écoles aux mairies. Les autres États et collectivités membres de l'Organisation internationale de la Francophonie seront invités à imiter ce geste.

20 - Sensibiliser au maximum les élèves du primaire et du secondaire à leur appartenance à l'espace francophone dans le cadre des programmes de français et d'histoire-géographie, en encourageant les autres pays membres de l'OIF à faire de même.


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